January 22, 2002

La Presse

Pollution au Technoparc
by Pascale Breton

LA VILLE DE MONTRÉAL a pris un an de retard dans ses travaux visant à récupérer les huiles et autres contaminants qui émanent du Technoparc pour se déverser dans le fleuve Saint-Laurent. Dimanche, la situation était pire que jamais, affirme le coprésident de la Société pour vaincre la pollution (SVP), Daniel Green, qui ** exige une enquête de la part d’Environnement Canada.

Au cours des derniers mois, la SVP a travaillé en collaboration avec l’Environmental Bureau of Investigation (EBI)- spécialisé dans les enquêtes sur la pollution en vue de poursuites criminelles- afin d’analyser le degré de contamination des déversements du Technoparc dans le fleuve Saint-Laurent. Les taux s’avèrent alarmants, dit M. Green. Au cours des dernières années, des coussins absorbants ont été installés en bordure du fleuve pour recueillir les produits toxiques qui se jettent dans l’eau, dont des BPC. Régulièrement, ces coussins sont analysés par une entreprise mandatée par la Ville de Montréal. Depuis 1999, les responsables de la Ville travaillent à la mise sur pied d’une mesure de rechange plus efficace que les coussins absorbants. La construction d’un mur étanche antipollution devait débuter en 2001, mais les études et les analyses ont été plus longues que prévues. L’appel d’offres en vue de l’élaboration des plans et devis a finalement débuté hier seulement. “Les estacades et les coussins absorbants ne confinent pas entièrement le déversement. Nous en avons fait le constat systématique depuis l’automne 2000. Nous avons même obtenu des résultats de 338 particules par milliard dans nos analyses alors que la norme acceptable ne doit pas dépasser 0,001”, affirme M. Green. Montrant du doigt la Ville de Montréal dans ce dossier, M. Green croit que les responsables savaient dès le départ que la mesure mise en place n’était pas suffisante. “La Ville a perdu deux ans et beaucoup d’argent, accuse-t-il. Nous ne pouvons plus attendre. Nous ** avons demandé à Environnement Canada d’instaurer une enquête.” La Ville de Montréal se défend bien d’avoir traîné les pieds dans ce _

dossier, reconnaissant que la situation actuelle n’est pas idéale. Les analyses commandées par la Ville depuis un an diffèrent de ceux du SVP et indiquent plutôt une concentration de BPC variant de zéro à 660 particules par million, alors que la norme selon la SVP se situe à 50 ppm. “Nous devons changer notre méthode. Les coussins absorbants recueillent l’huile qui flotte à la surface de l’eau. Nous arrivons à en récupérer une bonne partie, mais c’est un milieu où il y a de la turbulence et il est possible que certains contaminants passent sous l’estacade”, explique Serge Barbeau, ingénieur au laboratoire du service environnement de la voirie et des réseaux de la Ville de Montréal. Dépotoir pendant près d’un siècle, le terrain du Technoparc contient de nombreux contaminants qui représentent une étude complexe. “La quantité d’huile ainsi que sa composition est très variable selon les endroits”, ajoute l’ingénieur. C’est la raison pour laquelle les travaux devraient débuter avec un an de retard. La Ville espère avoir trouvé la firme qui sera en charge de réaliser les plans et devis du projet d’ici l’été prochain. Elle veut lancer un nouvel appel d’offres à l’automne 2002 pour la réalisation des travaux qui s’échelonneront jusqu’au printemps 2003.

 

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